dimanche 15 mars 2009

XII

Octobre

     La vieille gare se dresse majestueusement au bord de la Neva, structure complexe de poutres et de barres métalliques, dont les murs et la toiture vitrée diffusent un halo de lumière blanche et brumeuse dans la nuit. Il est une heure du matin. La ville entière est endormie et seuls quelques badauds traînent dans le vieux bâtiment, fuyant l’humidité et la fraîcheur de la rue. Les mendiants en loques tombent de sommeil mais évitent de s’assoir ou de s’allonger, par crainte de croiser l’une des nombreuses patrouilles de sécurité qui arpentent incessamment les quais à toute heure du jour et de la nuit.
     Sur la voie numéro trois, un train somptueux, tout de rouge et de noir, cristallisant à lui seul la puissance et l’élégance incomparables de l’ancien empire, attend avec impatience le signal du départ. Les moteurs chauffent et les caténaires vrombissent. Derrière les fenêtres des wagons, d’épais rideaux de velours rouge, noués en leur centre par de fines cordelettes brun et or, masquent imparfaitement le confort insolent des cabines. Des militaires à l’œil torve, armés de fusils automatiques, en surveillent les accès.

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